La NLFA : un projet européen

L’ouverture du tunnel de base du Ceneri marque l’achèvement de la Nouvelle ligne ferroviaire à travers les Alpes (NLFA). Ce projet constitue une prouesse helvétique extraordinaire, car dès le début il a été imaginé et conçu à l’échelle européenne.

Editorial Fü
Peter Füglistaler
© Béatrice Devènes

En 1992, le peuple suisse a accepté la construction de la NLFA qui s’achève en 2020 et qui rayonne bien au-delà des frontières suisses : la NLFA a été construite selon les normes européennes et vise à transférer vers le rail le trafic transalpin de marchandises entre la Belgique, les Pays-Bas, l’Allemagne et l’Italie. Le système de régulation des trains correspond à l’European Rail Traffic Management System (ERTMS), la longueur standard des trains de marchandises est fixée à 740 mètres, la hauteur aux angles admissibles pour les semi-remorques est de 4 mètres et le poids par essieu de 22,5 tonnes. Des normes qui, entre-temps, sont reconnues à travers toute l’Europe. Même s’il reste encore beaucoup à faire, l’Allemagne et l’Italie ont entamé l’aménagement des lignes d’accès sur leur territoire respectif. Depuis quelques années, l’UE mise sur des corridors de fret ; dans ce contexte, le corridor Rhin-Alpes joue un rôle de précurseur avec la NLFA comme projet-phare.

Les valeurs de référence de la politique suisse des transports ont été acceptées par l’UE dans l’accord sur les transports terrestres de 1999. L’accord garantit à la Suisse la redevance sur le trafic des poids lourds liée aux prestations (RPLP) ainsi que l’interdiction de circuler la nuit et l’interdiction de cabotage. C’est un accord institutionnel en matière de politique des transports, qui a fait ses preuves depuis plus de vingt ans.

Après avoir standardisé l’infrastructure, il convient désormais de standardiser l’exploitation. La Suisse est le premier pays européen à avoir imposé, à partir du 1er janvier 2020, une interdiction des trains de marchandises bruyants. Avec la stratégie « quieter routes », l’UE veut étendre cette interdiction à ses tronçons à partir de 2024.

La Suisse, en tant que pays non membre de l’UE, a dès le début soutenu la création de prescriptions de certification et de sécurité uniformisées au sein de la zone de l’UE et a cédé de premières compétences dans ce domaine à l’Agence de l’Union européenne pour les chemins de fer (ERA). Des singularités nationales disparaissent ainsi, ce qui renforce la compétitivité du chemin de fer.

La NLFA rend la Suisse plus européenne et l’Europe nettement plus helvétique. C’est quelque chose dont nous pouvons être fiers.

 

Peter Füglistaler

Directeur de l’Office fédéral des transports

 

OFT Actualités_n°82_septembre 2020

 
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