Assainissement phonique des chemins de fer : bilan positif après 15 ans

Le train présente de nombreux avantages. Mais il peut aussi être la source de nuisances sonores difficiles à supporter pour ceux qui vivent à proximité des voies. La Suisse a pris le taureau par les cornes : elle a investi quelque 1,3 milliard de francs dans des mesures de protection depuis l’an 2000. Grâce à l’assainissement du matériel roulant et aux parois antibruit, 150’000 riverains sont protégés d’un bruit excessif. 90’000 autres profitent de l’effet protecteur de fenêtres antibruit. Un programme de mesures complémentaires a déjà été lancé. Bilan de ce qui a été réalisé en quinze ans.

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Le peuple et les cantons ont approuvé le projet de réduction du bruit émis par les chemins de fer dans le cadre de la votation sur le fonds FTP en 1998. Pour assurer aux riverains une qualité de vie élevée, il est indispensable que les mesures de lutte contre le bruit ferroviaire soient efficaces. C’est aussi une condition pour que la population et le politique acceptent la mise en œuvre de la politique de transfert et le développement du rail. Dans l’intervalle, les objectifs de la première étape d’assainissement phonique ont été atteints dans une large mesure. Malgré la forte croissance du trafic ferroviaire, les nuisances sonores ont pu être considérablement réduites grâce aux mesures suivantes :

Assainissement du matériel roulant : les vieux freins (en fonte grise) sont l’une des principales sources du bruit des trains. Depuis le début du programme jusqu’en 2011, CFF Cargo et CFF Infrastructure ont équipé 6000 wagons de nouveaux freins. L’assainissement du parc de véhicules des détenteurs de wagons privés est également très avancé : à la fin de 2015, il ne restait plus que 3 % des 3200 wagons en leur possession à moderniser. Ainsi, seuls quelques wagons suisses pourvus de freins en fonte grise circulent encore sur le réseau ferré. Il s’agit, par exemple, de véhicules de construction et d’entretien ou encore de vieux véhicules qui seront bientôt mis au rebut. Les entreprises du transport de voyageurs ont déjà assaini depuis plusieurs années les freins de leurs vieux véhicules.

Parois antibruit : depuis l’année 2000, près de 260 kilomètres de parois antibruit ont été érigés, dont 50 kilomètres au Tessin, le canton où le besoin était le plus élevé. 227 projets de construction sur un total de 250 sont déjà achevés. Il ne reste que quatre cantons dans lesquels des travaux sont encore en cours ou prévus (VD, VS, NE, TI). Le 10 mars 2016, l’OFT a rendu les deux dernières décisions d’approbation des plans pour la construction de parois antibruit (à Lugano et à Paradiso).

Fenêtres antibruit : en complément aux parois antibruit, plus de 53’000 fenêtres antibruit ont été posées dans des bâtiments situés le long des lignes ferroviaires. Il est prévu de poser 24’000 fenêtres supplémentaires au plus tard d’ici à la fin de l’année prochaine. Le plus grand nombre de fenêtres (entre 9000 et 13’0000) sera posé dans les cantons de Vaud, du Tessin, de Zurich et de Berne.

Dépenses : à la fin de 2015, la Confédération avait dépensé 915 millions de francs pour la réalisation de parois antibruit, plus de 230 millions pour l’assainissement des wagons suisses et 77 millions pour celui des voitures voyageurs. Ses contributions aux fenêtres antibruit se chiffrent actuellement à 90 millions de francs. Au total, l’investissement global de la Confédération jusqu’à l’achèvement de la première étape devrait atteindre 1,261 milliard de francs (hors renchérissement, prix de 1998), une somme nettement inférieure au crédit de 1,85 milliard alloué initialement.


La lutte contre le bruit continue : les wagons étrangers en point de mire de la deuxième étape

La deuxième étape de la réduction du bruit émis par les chemins de fer a démarré en 2016.

L’élément principal du nouveau paquet de mesures est l’introduction de valeurs-limites d’émission, valables dès 2020 pour tous les wagons traversant la Suisse. En d’autres termes, seuls les wagons équipés de freins silencieux seront admis sur le réseau ferré suisse. Etant donné que le matériel roulant suisse est déjà assaini et que les voitures voyageurs sont équipées d’une technique silencieuse, ce sont essentiellement les wagons étrangers qui sont concernés. L’interdiction de wagons non assainis profitera durablement à de nombreux autres riverains le long des axes de fret ferroviaire.

Dans le trafic marchandises à travers la Suisse, quelque 70 % du kilométrage total est effectué par des wagons silencieux (à sabots de frein en matériau composite ou freins à disques). Cette proportion devrait augmenter ces prochaines années, déjà avant l’entrée en vigueur de l’interdiction en 2020. Comme d’autres pays européens encouragent l’assainissement des véhicules et que des prescriptions plus sévères sont en vigueur dans l’UE depuis 2006 pour les nouveaux véhicules, on peut s’attendre à ce qu’un nombre croissant de détenteurs de wagons optent pour du matériel silencieux.

La deuxième étape de la réduction du bruit permet en outre de financer des mesures applicables à la voie (systèmes amortisseurs, meulage acoustique). Après l’optimisation du matériel roulant, ces mesures sont susceptibles de contribuer de manière déterminante à la réduction du bruit des chemins de fer. Enfin, des innovations au niveau du matériel roulant et des projets de recherche peuvent être subventionnés dans le but d’élargir la palette des mesures de lutte contre le bruit.

Cette deuxième étape coûtera au maximum 185 millions de francs (prix de 1998). Elle est financée grâce au crédit résiduel du programme initial.

OFT Actualités No 40 Avril 2016

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